Les firmes prônent le durable
Les entreprises phytosanitaires participent désormais activement à la transition agroécologique et le revendiquent.
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La transition vers des systèmes agricoles plus pérennes et durables ne pourra se faire sans les acteurs de la protection des plantes. D’ailleurs, les feuilles de route de développement durable et agroécologiques ont fleuri parmi les plus grosses firmes phytosanitaires en 2020 avec, en ligne de mire, la protection de l’agriculteur et du consommateur, ainsi que la préservation de l’environnement et de la biodiversité. Mais un an après toutes ces belles intentions, où en somme nous ?
Les biosolutions en tête
Réduire l’usage des intrants, en particulier des phytos, ainsi que leur impact est l’un des enjeux prioritaires de ces stratégies. Pour y parvenir, les sociétés misent sur une approche combinatoire, mêlant produits de protection des plantes conventionnels, biosolutions, semences et outils numériques.
Le développement du biocontrôle, et des biosolutions au sens large, se révèle ainsi primordial. Dans sa feuille de route agroécologique à l’horizon 2030, BASF s’est par exemple fixé pour objectif que les solutions de biocontrôle représentent 10 % de son chiffre d’affaires en 2025 et 15 % en 2030. « Nous avons atteint 6,2 % fin 2020, affirmait Jean-Marc Petat, directeur agriculture durable de BASF en juin 2021. Aujourd’hui, BASF est le numéro deux en valeur du marché avec 12,2 % du marché hors cuivre. » Au même moment, UPL annonçait le lancement de NPP, pour Natural Plant Protection, une unité commerciale dédiée à ses biosolutions, comprenant les biostimulants et les produits de biocontrôle, qui représentent désormais 7 % de son chiffre d’affaires. « NPP peut changer le monde. Elle possède les bonnes capacités, la bonne mentalité et les bonnes compétences techniques et ressources pour conduire une nouvelle ère de changement positif et progressif dans l’agriculture, a déclaré Fabio Torretta, directeur d’exploitation pour NPP. Le marché des biosolutions devrait connaître une croissance à deux chiffres pour atteindre 10 Mds$ d’ici 2025, par rapport aux produits agrochimiques traditionnels, qui devraient connaître une croissance à un chiffre. »
Accompagner les bonnes pratiques
Mais cette transition ne se fera pas sans les agriculteurs, ni sans leurs interlocuteurs privilégiés. Les entreprises de l’agrofourniture l’ont bien compris et se sont ainsi fixées pour objectif de les accompagner sur la voie de la durabilité. Corteva Agriscience a mis en place des formations qui ont déjà été suivies par près de 10 000 employés, agriculteurs et partenaires en France. Ses réunions Top’expert, portant notamment sur des solutions combinées pour l’implantation du maïs et du tournesol, ont attiré une centaine d’agriculteurs en 2020. « Corteva connaît et comprend les agriculteurs et leurs problèmes, ce qui nous donne une légitimité pour leur apporter des solutions », affirme Sylvain Bedel, directeur général de Corteva Agriscience depuis avril 2021. Dans la même veine, Syngenta a lancé en avril 2020 sa « e-académie : viser le zéro impact » afin d’aider les agriculteurs à se former aux bonnes pratiques, notamment sur l’utilisation et l’application des produits phytos. Cette « e-académie », dont le contenu s’est étoffé en 2021, leur propose des parcours de formation en ligne, gratuits et sans engagement, sur les questions de gestion des enjeux environnementaux, de sécurité ou encore la sécurité des riverains.
La chaire Bio4solutions mise en place en septembre 2020 par l’Ensaia-université de Lorraine, en partenariat avec Agrauxine, BASF, PAT (Plant Advanced Technologies) et le groupe Lorca, a permis pour sa première année de fonctionnement de former à l’agroécologie 45 personnes des équipes terrains des quatre mécènes, dont une dizaine de TC de Lorca. « D’ici un an, toute notre équipe de 20 TC aura suivi la formation certifiante de la chaire. Pour embarquer les équipes et porter ces messages, nous avons à les former : c’est le premier enjeu pour adopter la posture agroécologique », a affirmé en juin dernier Gautier Lerond, directeur du pôle agricole de la coopérative Lorca.
Climat et carbone font leur entrée
En 2021, les enjeux autour du climat et du carbone ont fait leur entrée dans les stratégies de développement durable des entreprises, souhaitant désormais participer activement à cet effort collectif. En juin 2021, Bayer a annoncé le lancement européen de son Initiative Carbone dont l’objectif est la décarbonation du système alimentaire européen, par la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la séquestration de carbone dans le sol, en se concentrant notamment sur les activités des agriculteurs. Bayer s’est ainsi engagé à réduire les émissions de GES de 30 % par kilo récolté d’ici 2030. Cette initiative européenne s’inscrit dans la démarche mondiale de l’entreprise, la Global Carbon Initiative, lancée aux États-Unis et au Brésil en juillet 2020. « Notre vision est qu’à l’avenir, les distributeurs ou les transformateurs pourront travailler en toute confiance sur des projets efficaces de réduction d’émissions, voire de stockage de carbone impliquant les fermes partenaires de leurs chaînes d’approvisionnement spécifiques, détaille Alexandre Teillet, responsable des nouveaux modèles commerciaux chez Bayer Crop Science pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique. Dans le même temps, les agriculteurs seront récompensés de manière transparente et équitable, pour leurs réductions de carbone efficaces réalisées grâce à leurs pratiques agricoles partout dans le monde. » Bayer a en parallèle annoncé son ambition de développer un outil numérique qui permettra aux agriculteurs d’accéder au marché du carbone. L’outil s’appuiera sur sa plateforme agronomique Climate FieldView qui permet un suivi des pratiques des agriculteurs. « Et si l’agriculture peut en plus regagner des lettres de noblesse avec cette problématique du carbone, c’est encore mieux ! Nous faisons partie de la solution », souligne pour sa part Yves Picquet, directeur général de la division Crop Science de Bayer.
BASF s’est également emparé du sujet en intégrant à sa feuille de route agroécologique un 6e pilier visant la neutralité carbone. « À l’échelle du groupe, notre volonté est de réduire de 25 % les émissions de CO2 à l’horizon 2030, expliquait en juin dernier Nicolas Kerfant, alors directeur général. BASF va investir la somme astronomique de 4 Mds€ pour accompagner cette transition, car nous visons la neutralité carbone d’ici 2050. » Pour la France, l’objectif est de réduire les émissions de CO2 de 30 % par tonne de récolte produite d’ici 2030. « Pour y arriver, nous devons activer quatre leviers qui sont le digital, la technologie blé hybride, les inhibiteurs d’uréase et l’utilisation de produits de protection des plantes innovants », soulignait pour sa part Jean-Marc Petat, directeur agriculture durable et communication de BASF.
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